Vallée des Saints - L'assec du Lac de Guerlédan

Août 2015

 

 

Je vous l'avais annoncé il y a un peu moins d'un an, le Lac de Guerlédan a été vidé en 2015. Il était impensable de ne pas aller voir cela de plus près! Nous partons donc Manou et moi pour un mid-week de deux jours en centre Bretagne.

 

 

 

 

 

Tout d'abord, nous nous arrêtons dans les Côtes d'Armor à Carnoët pour découvrir :

 

La Vallée des Saints :

 

L'idée a germé en 2008 dans des têtes bien pensantes de créer "une île de Pâques" bretonne. Les granitiers et les villes ont été séduit et le projet a été lancé en 2009 avec au départ 8 sculptures. Aujourd'hui le site de Carnoët en compte près d'une cinquantaine, et ce n'est pas fini ! ! En 2015, 6 sculptures ont été façonnées entre juin et juillet, et 6 nouveaux saints sont en élaboration sur août-septembre ! Elles mesurent environ 3 m.

 

Le but ? Créer 1 000 sculptures monumentales de saints en granit breton....

 

Nous n'avons plus affaire à un simple champs avec une vue imprenable, mais un lieu rassemblant des œuvres d'art uniques où chaque sculpteur peut laisser cours à son imagination. Cela nous offre une variété importante de statues, toutes différentes les unes des autres.

 

Si vous le souhaitez, vous pouvez participer financièrement à ce projet et devenir mécène.

 

 

Tout à côté du tumulus où ont été installées les statues, se trouve la chapelle Saint-Gildas, construite au XVè siècle.

 

 

Les sculptures sont désormais directement construites sur place pour le plus grand bonheur du public.

 

A droite, Sainte Azenor

Saintig Du



Saint Malo positionné en direction de ... Saint Malo

Les statues des Saints sur le tumulus



Un air de petit prince, vous ne trouvez pas?

La Vallée des Saints, c'est le pied !

L'Abbaye de Bon Repos :
 

Tout proche du Lac de Guerlédan, sur la commune de Saint Gelven, se trouve l'Abbaye de Bon Repos. Celle-ci peut se visiter en journée. A la nuit tombée, elle devient le théâtre d'un son et lumière. Deux types de représentations existent. La première retrace l'histoire de l'Abbaye et de la Région à travers les siècles. La deuxième a été spécialement conçue pour célébrer l'assèchement du Lac de Guerlédan et se nomme "L'Ô du Lac" et dure 20 minutes.

 

C'est le premier spectacle que nous sommes allées voir. Celui-ci dure deux heures et vaut bien celui du Puy du Fou ! ! Tout simplement magique ! 350 figurants, 1200 costumes et 30 chevaux font le show. La féérie se déroule sous forme de 10 scènes de différentes époques : l'âge de pierre, les romains, la construction de l'Abbaye, les Bonnets Rouges,...
 

A voir sans hésiter ! !

L'Abbaye Notre Dame de Bon Repos

Bienvenue à "l'Âne Brasseur" !
 

Si vous voulez découvrir la région centre Bretagne, nous vous conseillons vivement ces chambres d'hôtes, situées à Saint-Aignan ! Les propriétaires sont charmants et proposent de très belles chambres. Le gîte a été refait récemment et peut accueillir jusqu'à 17 personnes. Ce lieu regorge bien des surprises ! L'originalité : la brasserie. Plutôt atypique de ramener une bière maison (délicieuse cela dit en passant) en souvenir ! Et puis pourquoi pas vous laisser tenter par une balade avec un âne. Il portera pour vous vos baggages pendant une heure ou deux ou même durant 3 jours le temps de faire le tour du lac.
 

Le cadre est verdoyant au calme, et pour ne rien gâcher, à moins d'un kilomètre du barrage hydroélectrique et de multiples autres parcours de randonnées.

 

 

Le Lac de Guerlédan :

 

Vous vous rappelez du topo sur le Lac? Mais si, c'était dans l'article "Week-end en Yourte", notre première approche de Guerlédan.

Bon, pour les retardataires et ceux qui ont rien suivi, je me répète.

Le Lac de Guerlédan est un lac artificiel construit en 1929 afin de créer un barrage hydroélectrique.

Long de 12 km et profond de 40 m au plus profond, il représente une superficie de 400 ha. Imaginez, 56 000 m3 d'eau... Il représente à lui seul 40% de l'eau potable utilisée par le Morbihan.

Le barrage hydroélectrique, permet quant à lui la production d'électricité pour 15 000 foyers, soit l'équivalent de la ville de Pontivy.
 

La dernière vidange complète du lac remonte à 1985. 30 ans plus tard, en 2015, l'opération est renouvelée afin d'effectuer un examen technique du barrage et faire quelques travaux de rénovation. Ce sera peut-être pour la dernière fois ! Edf entreprend des travaux afin qu'il se soit plus nécessaire de vider complétement le lac pour entretenir le barrage.

Le site est impressionnant ! Plus rien à voir avec mes souvenirs du mois de novembre.

Le lac a été vidé à raison de 10 cm par heure pour éviter un rejet trop important sur les villes qui suivent à savoir Pontivy.

 

5 000 tonnes de poissons ont été récupérées. Une partie a été rejetée dans le lac voisin, l'autre a été vendue au marché. Le tout est parti en moins d'un quart d'heure. Le bénéfice servira a repeuplé le lac le moment venu. En prévision 13 000 tonnes de poissons seront réintroduits. La pêche sera réouverte à partir de 2017. Lors de la dernière vidange en 1985, ce fut 17 000 tonnes de poissons qui avaient été récoltées ! ! La différence serait due à une forte concentration de prédateurs : brochets entre autres.

 

L'opération a débuté au mois de mars et se poursuivra jusqu'en octobre. En novembre, les vannes seront de nouveaux fermées. Il faut espérer que le temps sera à la pluie afin que le lac se remplisse rapidement car seul le cours du fleuve servira pour reconstituer le niveau d'eau. L'électricité sera de nouveau produite à partir de début 2016.

 

Afin de faciliter les déplacements, des parkings ont été spécialement aménagés pour accueillir les visiteurs. Finalement, ceux-ci sont restés gratuits, contrairement à ce qui avait pu être suggéré.

 

Suite à de nombreux accidents, des arrêtés préfectoraux (le lac dépend pour une rive des Côtes d'Armor et pour l'autre du Morbihan) et interdisent de se rendre dans le fond du lac, excepté en compagnie d'un guide (2 € les 45 minutes). Il faut peu de temps pour se rendre compte que cette interdiction est loin d'être suivie !

4 "portes d'entrée" pour la visite du fond du Lac :
- l'Anse de Sordan
- L'Anse de Guerlédan/Rond Point du Lac
- Beau Rivage
- Trégnanton

chapelle de Sainte-Tréphine

C'est l'occasion d'un avant/après. Rappelez vous les photos de novembre...

Barrage de Guerlédan :

Le barrage en travaux

 

Novembre 2014 - Nuit de camping...

Août 2015 - Zone de stockage...

Au fond de la vallée engloutie passait le canal de Nantes à Brest par le biais de la rivière "Le Blavet". La rivière a continué à couler dans le fond du lac et refait aujourd'hui son apparition. Au bord du canal, on distingue un sentier, il s'agit du chemin de halage. Les péniches et autres bâteaux étaient tirés par des chevaux. 17 écluses furent noyées dans les 12 km du lac. On y retrouve aussi les restes de maisons d'éclusiers, des carrières de schiste.

 L'Anse de Sordan :




les vestiges d'une écluse et des maison d'éclusiers

Trégnanton :

Novembre 2014

Aujourd'hui, la place méconnaissable est devenue un village de commerçants

Les pieds dans l'eau en novembre 2014

 

 Au cours des mois, la terre a dégorgé son eau et la végétation a repris ses droits. Les plantes dites pionnières (c'est à dire les mauvaises herbes) refont surface et donne l'aspect d'une vaste prairie.

Novembre 2014

Avant

Après

Un tout autre paysage s'offre à nous aujourd'hui...

 Et oui, il s'agit bien, du même endroit! Impressionnant, non ? Nous n'aurions jamais imaginé tout ce qui se cache sous cette vaste étendue d'eau !

Visites guidées possible à Tregnanton

Une écluse, le café de Mme Thomas et une maison d'éclusier

Sur la photo ci-dessous, on peut voir des traits horizontaux sur les roches. Ces traces ont été laissées suite à la baisse progressive du niveau d'eau.
 

 

L'assèchement du lac nous fait découvrir des arbres encore debout, il y a peu, encore engloutis. Ces arbres sont bien évidemment morts, privés d'oxygène. Une partie a été coupée au moment du remplissage de la vallée. Ceux qui restent sont devenus durs. C'est ce type de bois qui sert pour faire des charpentes et du charbon. Ils nous donnent une idée de ce que pouvait être la vallée autrefois, pleine de végétation, de fleurs. Le lieu était glissant à cause des épines de pin, racontait une femme, enfant du coin dans les années 20-30.

 

On écoute bien le guide surtout !

La sécheresse bretonne ! !

La vallée était peu habitée car très humide. Néanmoins, des éclusiers et des ouvriers y vivaient.

C'était également là que ce situait des carrières de schiste. La photo suivante en présente une, profonde de 40 m elle est désormais remplie d'eau.

 

"Les Gueules bleues" ou ardoisiers avaient créé à même la roche l'escalier leur permettant de descendre au fond de la mine. Sabots aux pieds, ils remontaient les blocs de schiste sur le dos. Ceux-ci pouvaient peser 40 à 50 kilos. Ils devaient les enrouler dans un linge humide pour ne pas que la roche ne s'effrite, la rendant inutilisable. Ils étaient ensuite déposer dans des grands bacs d'eau, sous des constructions appelées "tue-vent". Alors le travail de découpe pouvait commencer.
Les blocs étaient séparés de la paroi à coup de burin. Les mousses (les plus jeunes) tenaient l'extrémité...

Une des écluses

Le labeur terminé et la paie obtenue avec M. Thomas le propriétaire de la mine, les ardoisiers allaient se désaltérer et décompresser au café tout à côté, celui de ... Mme Thomas ! C'est ce qu'on appelle un circuit fermé ! La tenancière faisait crédit et tenait des ardoises (d'où l'expression ! ). Ainsi à la fin du mois, la paie ne suffisait pas toujours à combler les dettes ! Il arrivait parfois que les femmes viennent elles même chercher la paie ou se mettaient entre la carrière et le café pour avoir de quoi ramener à la maison et subvenir aux besoins de la famille.

 

C'était une vallée pleine de vie ! Souvenirs enfouis dans cet immense lac . . .

Le niveau d'eau va d'ordinaire jusqu'aux panneaux, tout là haut !

La démarcation des arbres annonce le niveau du lac lorsqu'il est plein.

La promenade de novembre s'est fait au niveau de la pointe rocheuse

Ca fait un sacré volume d'eau !!

 

Pour clore ce doux mid-week, je vous laisse en compagnie d'un joli film sur l'assec du lac.

Bon vent et Kenavo !